Vendredi 29 avril : réunir des conditions pour l’apprentissage ; éprouver des émotions-source, suivi de : L'ANIMAL (résidence au Carré Magique, Lannion).
Avec les matériaux restant de Furies, j’ai fait sur scène un espace comparable au « parc », piste de bâche de l’Entre-sort, rectangulaire cette fois-ci, bordé de dos de chaises pliantes recouvertes de bâche et de nappe blanche en papier. Pendant les trois heures de l’expérimentation, Ludor, très animal comme la veille, devait être confronté à des stimuli le conduisant à : la surprise, la peur ; l’attendrissement, faire pitié, vers la tristesse ; la jubilation, vers le rire ; la colère. Cette façon de faire était venue de l’observation que nos tentatives d’apprentissage précédentes étaient comme trop « avancées » et venaient vite saturer un être peu structuré émotionnellement ; le support et la combinaison d’émotions pouvait-ils détourner Ludor de l’impasse de la fainéantise intellectuelle ? Une structure émotionnelle pouvait-elle pallier à la stagnation et à la détérioration systématiquement observée jusque-là des informations captées par Ludor ?
Côme Delain
L’animal
Je sens avec l’animal comme d’ailleurs avec l’enfant sauvage, une grande fainéantise de pensée. Je n’arrive pas à accumuler les connaissances et je serais plutôt prêt à réapprendre la même chose à chaque fois. Je suis distrait. Ma vision est périphérique, je distingue l’espace et mon instructeur comme des potentiels d’énergie. Contrairement au travail avec le bébé où toutes les actions se délayaient, me voilà réactif et pulsionnel. Avec l’apparition des brimades et des stimuli nociceptifs, je suis parcouru par des toc et des rengaines de mouvements. Je rentre alors dans des sortes de tunnels où j’atteins des déserts de pensées : le vide.
A la sortie de l’expérience, des questions me taraudent : comment faire naître de soi des idées sur un terrain vierge, comment faire émerger la culture ou plutôt comment générer sa propre culture pour pouvoir en jouer. Où est tu, Ludor, le batifoleur?
Ludor Citrik