Jeudi 7 avril : voyage les yeux bandés, Ludor expérimente, Côme guide (résidence à l'Entre-sort de Furies, Châlons-en-Champagne).

Publié le par ludorcitrik

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 Dix heures sans voir. Voyage à travers la ville. Quatre kilomètres dans un univers olfactif, un univers de lumières et d’ombres, d’ambiance sonores, de trottoirs suivis du pied, de murs qui me renvoient le bruit des pas, tout est bon pour se repérer. Le plus goûtu sont les petites chutes de trottoir ou autres marches qui se ressentent dans les lombaires qui ne savent comment calculer le dénivelé, comme une surprise vertigineuse. Aujourd’hui, la palme revient à la bitte en pierre qui m’érafla le tibia sur dix centimètres – vive les croûtes. Une fois arrivés à la salle nous commençâmes le protocole respiratoire. Assez vite, je me rendis compte que je ne parvenais pas à allumer la machine. J’avais beau m’époumoner, quelque chose revenait toujours à la raison et à mon quant-à-moi. J’avais pourtant des picotements dans les tempes, des pleurs coincés au fond des yeux, de puissants frissons. J’eus même des hallucinations comme une griffe de lumière qui chercha à me défigurer, ou encore un enfant bleu sur une table qui me tendait la main. Les moments d’écho parlé après chaque étape du protocole ne m’aidaient guère. Quand le chambellan me demanda ce dont j’avais envie, je vis un steak-frites, chose rare par goût. La gageure fut à 17h. de trouver un steak-frites, nous acquitâmes le fantasme à la gare. Puis, de retour à la salle, je me sentis encore plein de raison. Cette fois, je m’offris la permission de la folie, de la vie pulsionnelle et de la dissolution de l’identité : à suivre.

Ludor Citrik
photos : Côme Delain
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